May 20, 2006

Cette semaine à Ottawa !

Laurent Soumis, chef de bureau du Journal de Montréal à Ottawa, a publié, ce matin, un article qui décrit bien la dernière semaine dans la capitale nationale. J'ai donc décidé de le republier en entier.

OTTAWA - La réputation internationale du Canada en a pris pour son rhume cette semaine. Mise à part la visite du premier ministre australien, le gouvernement conservateur a sacrifié l'image du pays pour privilégier ses intérêts partisans. Sur toute la ligne.

La ministre de la Francophonie, Josée Verner, se moquait cette semaine des bloquistes qui se souciaient de l'image du Canada à l'étranger.

N'en déplaise à madame, tous les Québécois, souverainistes comme fédéralistes, sont encore Canadiens. Et ils ont plus d'une raison de s'inquiéter de la légèreté avec laquelle son gouvernement prend les choses.

Ainsi, la semaine a fort mal débuté, au lendemain de l'incident Abdou Diouf, le secrétaire général de la francophonie soumis à la fouille à l'aéroport de Toronto, en dépit de son passeport diplomatique.

Plutôt que de présenter ses plus plates excuses, le gouvernement s'est obstiné à sauver la face, quitte à froisser le Sénégal, dont M. Diouf est l'ancien président.

A-t-on oublié que ce pays est le meilleur allié du Canada dans la francophonie, l'un de ses plus sûrs amis en Afrique?

Personne ne veut bien sûr le dire. Mais si M. Diouf n'avait pas été nègre -dans le sens noble du terme-, il n'aurait probablement pas eu droit à cet accueil discourtois.

C'est pour cette raison que le Sénégal soutient que cet affront est une insulte pour tous ses compatriotes africains. Et que d'autres leaders africains y voient la manifestation d'un certain racisme latent.

Pas d'alternative

La ministre de l'Environnement Rona Ambrose n'a guère fait mieux que sa collègue, à la Conférence de Bonn sur les changements climatiques.

En annonçant l'abandon des objectifs du Protocole de Kyoto, sans pour autant présenter d'alternative, le Canada ne s'est pas qu'attiré la condamnation des groupes environnementalistes internationaux.

Des pays comme l'Allemagne -partenaire commercial privilégié du Québec en Europe- ont publiquement désavoué le défaitisme canadien.

Dans ce dossier, le gouvernement Harper a tout bonnement ignoré l'avis de son ministère des Affaires étrangères qui le prévenait à l'avance de la perte de crédibilité du Canada sur la scène internationale.

Pas un meilleur exemple

Le premier ministre n'a pas donné un meilleur exemple avec Gwyn Morgan, ce petroman de Calgary que Stephen Harper aurait voulu placer à la tête de sa nouvelle Commission des nominations publiques.

Personne au bureau de M. Harper ne semblait avoir prévu que l'opposition passerait à la loupe les déclarations passées de M. Morgan.

Car ce n'est pas particulièrement amical envers la Jamaïque, l'Inde ou la Chine que d'appeler publiquement à la méfiance envers tous leurs ressortissants, présumément contaminés par la violence et le crime.

M. Harper aura beau courtiser toutes les minorités ethniques de Toronto, il a donné une bien vilaine image aux Néo-Canadiens en soutenant la candidature de quelqu'un qui tient de tels propos.

Dans ses fonctions, faut-il rappeler, M. Morgan aurait été appelé à choisir la crème de la crème de la fonction publique. Ce n'est pas exactement le bon candidat à montrer aux communautés ethniques dont on veut, par ailleurs, accroître la présence dans l'appareil fédéral.

Vote forcé

Enfin, comme si ce n'était pas assez, l'entêtement du premier ministre à forcer un vote sur la présence militaire en Afghanistan aura finalement coûté cher au Canada.

Peut-on vraiment crier victoire lorsqu'on signale à tous nos alliés que notre engagement tient seulement à quatre voix ?

Les talibans, eux, auront vite fait d'interpréter que quelques cadavres de plus viendront un jour à bout de la présence canadienne.

Et à Kandahar, il ne se trouvera guère de soldats pour se réconforter d'un si faible soutien.

On dit souvent que l'orgueil est un bien mauvais conseiller, en politique comme dans la vie.

Pour l'heure, force est de constater que la diplomatie, l'humilité et le sens de l'État sont des qualités qui n'ont guère la cote au bureau du premier ministre.

Bonne journée,

Alex

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